Déclaration trésorerie rapatriée en France
Imposition dividendes d’une société étrangère
Les résultats d’une société offshore rapatriés en France peuvent être déclarés par le propriétaire de cette société offshore comme des dividendes versés par une société étrangère.
Dans ce cas, la fiscalité qui s’applique en France sur ces dividendes versés par une société étrangère est proche de celle des dividendes versés à un résident français par une société française. Ces dividendes sont imposés à l’impôt sur le revenu après l’application d’un abattement de 40% puis, sur les 60% restants, d’un second abattement fixé à 3.050€ pour les couples mariés ou pacsés et à 1.525€ pour les personnes seules.
En réalité, ces dividendes d’une société étrangère ont généralement subis une première imposition dans leur pays d’origine. En conséquence : ce sont donc les dividendes nets perçus qui sont à déclarer à l’impôt sur le revenu (IR) en France,
la retenue à la source prélevée dans le pays d’origine constitue en France un crédit d’impôt déductible de l’impôt sur le revenu à payer par le contribuable.
Par exemple, si un résident français perçoit 11.000€ de dividendes d’une société étrangère mais qu’une retenue à la source de 1.000€ a été prélevée dans le pays d’origine, alors celui-ci déclare :
libellé | montants |
dividendes | 10.000€ |
premier abattement 40% | 4.000€ |
dividendes imposables après 1er abattement | 6.000€ |
second abattement (sur l’ensemble dividendes du couple) | 3.050€ |
dividendes imposés à IR | 2.950€ |
montant IR (tranche 30% par exemple) | 885€ |
crédit impôt (retenue source déjà payée) | 1.000€ |
total IR à payer | -115€ |
Dans cet exemple, étant donné que le couple concerné ne perçoit aucun autre dividende et que l’abattement forfaitaire de 3.050€ s’est appliqué en totalité aux dividendes versés par cette société étrangère, les dividendes déclarés n’entraînent aucune imposition à l’impôt sur le revenu (IR) en France.
Aussi, on peut se demander pourquoi les cabinets de conseil en sociétés offshores ne préconisent pas de déclarer comme des dividendes de société étrangère les sommes rapatriées en France depuis le compte offshore d’une société offshore.
Résultat société offshore et dividendes société étrangère
Les dividendes constituent la rémunération des actionnaires d’une société. Par exemple, l’entrepreneur qui ouvre une filiale aux Etats-Unis (un commerce à New-York) peut percevoir des dividendes de cette société étrangère (dividendes imposés comme indiqué ci-dessus). Mais il faut noter que les ventes de ce commerce auront été soumises à TVA aux Etats-Unis, que les bénéfices de ce commerce sont soumis à l’impôt aux Etats-Unis, que les salariés de ce commerce cotisent aux caisses de cotisations sociales américaines...
Et si ce commerce avait été ouvert dans l’État du Delaware (même si la clientèle du Delaware n’est pas exactement comparable à celle de New-York...). Dans ce cas, les prélèvements obligatoires de cette filiale américaine seraient demeurés sensiblement les mêmes car cette filiale n’est pas une société offshore dans la mesure où elle exerce son activité sur le territoire américain (voir définition société offshore).
Par conséquent, les bénéfices d’une société offshore transférés en France sur le compte d’un résident français qui assure l’activité économique de cette société offshore depuis la France ne peuvent être assimilés à des dividendes d’une société étrangère.
Si le propriétaire d’une société offshore déclare des dividendes d’une société étrangère, l’administration fiscale sera en droit de l’interroger sur la provenance de ces dividendes. Quelle est la société qui lui verse ces dividendes, qui sont les dirigeants de cette société immatriculée dans un paradis fiscal, ses actionnaires ?
Si des prête-noms figurent sur les statuts de la société offshore, en tant que dirigeant et actionnaire, alors comment expliquer le versement de dividendes à une personne extérieure à la société ?
A l’inverse, si le propriétaire de la société offshore apparaît dans les statuts de la société offshore, en tant que résident français qui exerce donc cette activité professionnelle depuis la France, pourquoi n’a-t-il pas déclaré en France les bénéfices de la société offshore ?
Dans les deux cas, le propriétaire de la société offshore qui déclare comme dividendes d’une société étrangère les sommes rapatriées depuis le compte offshore de sa société immatriculée dans un paradis fiscal risque un redressement fiscal conséquent (impôts dus, plus pénalités de retard, plus majoration de 40%). On comprend donc que cette solution pour faire revenir en France la trésorerie d’une société offshore n’est pas conseillée par les cabinets spécialisés. D’une façon générale, il n’existe pas de moyen de légaliser des revenus qui ne sont pas dès l’origine déclarés comme il se doit.
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3 juillet 2012, par Mathieu
Tout d’abord, merci pour votre site qui apporte un réel éclairage en matière de gestion d’une société offshore.
Je reviens sur la problématique du rappatriement des bénéfices de la société offshore sous forme de dividendes. Imaginons qu’un résident français ait crée deux sociétés. Une off-shore (à Hong-Kong par exemple) qui achète des produits finis en Asie, et une en France qui rachète à la off-shore ces produits pour les revendre en France aux particuliers. N’est-il pas imaginable d’argumenter auprès du fisc en disant que les bénéfices réalisés au travers de la off-shore, relève de l’activité de l’entrepreneur à Hong-Kong (par exemple, l’activité d’import/export de la off-shore peut correspondre aux déplacements en Asie de l’entrepreneur pour trouver des fournisseurs, participer à des salons professionnels, ...) ? Dans ce cas, le rappatriement des bénéfices sous forme de dividendes apparaîtrait comme légal, non ?
Merci pour votre éclairage.-
4 juillet 2012
Dans ce cas effectivement, si l’entrepreneur a une activité professionnel dans un pays et que cette activité est rattachée à une société installée dans ce pays, les dividendes qu’il percevra de cette société pourront être considérés comme les dividendes d’une société étrangère et imposés comme tels. Mais peut-on créer une offshore à Hong-Kong tout en ayant une activité à Honk-Kong ? Une offshore sous-entend que le propriétaire de la société n’exerce aucune activité dans ce paradis fiscal.
Si vous créez une offshore dans le Delaware, vous ne devez avoir aucune activité dans cet Etat et plus largement aux Etats-Unis. Dans le cas contraire, votre société n’est plus une offshore mais une société américaine imposée comme les autres sociétés américaines qui exercent une activité aux Etats-Unis.
Prenez contact avec un cabinet de conseil pour envisager toutes les solutions juridiques possibles (un retour sera toujours apprécié).
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